Aeternitas Me Sequitur
Op.13, pour chœur mixte, violoncelle, et réverbération acoustique.
Création FestyVocal 2023 - Chœur Seguido.
La réverbération « infinie » de l’église Saint-Pierre Le Corbusier Firminy inspire une métaphore de l’éternité. Cette durée de la réverbération acoustique devient une image de l’éternité spirituelle qui émane d’un tel lieu. Ainsi, cette œuvre croise ce concept d’« éternité » avec celui d’« équinoxe », thème du festival 2023.
Moment où le jour et la nuit ont la même durée, l’équinoxe se transforme en axe de symétrie temporel, point d’où les éternités passées et futures se contemplent avec la même appréhension, point où deux altérités se font face. Le temps se suspend, le jour n’est plus une fin à la nuit, la nuit n’est plus une fin au jour, ils deviennent une dualité complémentaire.
« Eternité », « axe de symétrie » et « dualité » sont les trois concepts qui jalonnent ontologiquement l’œuvre. Ils sont dans le texte, dans les échelles de hauteurs, dans la structure, dans les motifs et leurs interactions. Ils ont motivé l’écriture de la pièce et peuvent en motiver l’interprétation. Spiritualité, contemplation béate du cosmos, amour : autant d’ouvertures offertes par ces trois concepts fondateurs.
La spatialisation joue un rôle important. La partition laisse beaucoup de place à de potentiels mouvements des choristes, ou à un large panoramique. Ces mouvements, en plus de mettre en évidence les éléments musicaux présents dans la pièce, contrasteraient avec le violoncelle, point fixe dans cet espace. Le choix du violoncelle pour accompagner le chœur est motivé par sa complémentarité spectrale avec le chœur, et par le rapport acoustique de la réverbération de l’église qui met en avant les fréquences de son registre. Par le violoncelle, c’est l’église qui chante.
Regina Majestis
Op.9, pour chœur mixte a cappella.
En latin et inspirée de la liturgie, cette pièce n’est pourtant pas fondamentalement sacrée.
Une Reine de Majesté ? Cette œuvre n’est-elle pas une louange mariale ?...
Non. Une Reine. Une figure féminine. Salvatrice. La Nature, la Terre, une Déesse, une Femme, un Destin, Marie peut-être, mais certainement pas une injonction.
Interprétée par François Bourlon, Coline Bouton, Marc Falempin-Creusot, Henri Faur, Charles d'Hubert, Christophe Juniet, Charlotte Kouby, Clément Lanfranchi, Thaïs Lescoul, Juliette Mey, Eva Tamisier, Antoine Vervier-Dasque. Enregistrée le 27 février 2021 par Lorry Delatie et Jean-Elie Eftekhari.
Trois Petites Chansons dans le Sang
Op.8, pour chœur mixte a cappella.
D’après « Paroles » de Jacques Prévert.
Ce texte est un regard puissant sur l’affliction que l’on peut ressentir face à la misère du monde, et notre impuissance sur elle.
Jacques Prévert joue ici merveilleusement avec les échelles : de la Terre astronomique, qui n’arrête pas de tourner, nous plongeons vers la cellule de sang coagulé, « sang caillé comme le lait ».
Interprétée par François Bourlon, Coline Bouton, Marc Falempin-Creusot, Henri Faur, Charles d'Hubert, Christophe Juniet, Charlotte Kouby, Clément Lanfranchi, Thaïs Lescoul, Juliette Mey, Eva Tamisier, Antoine Vervier-Dasque. Enregistrée le 27 février 2021 par Lorry Delatie et Jean-Elie Eftekhari.
Per Un Cavalier
Op.12, pour chœur mixte a cappella.
Création 2023. Les éléments – Archipel – ARPA.
D’après le récit du procès de Péronne Galibert, condamnée pour sorcellerie en 1485 à « parcourir la ville de Labruguière (Tarn, France) la corde au cou » précédée du crieur public, puis à être « attachée à une potence pour y être brulée et consumée » ; et d’après le texte Estat ai eu greu cossirier de Beatriz de Dia, trobairitz provençale du XIIème siècle.
Mettre en regard les récits du procès d’une « sorcière » avec les textes amoureux et sensuels d’une trobairitz n’a qu’un but : dénoncer la phallocratie obscurantiste et tyrannique dont ces chasses aux sorcières sont une incarnation. Cette pièce est à la fois une apologie de la liberté et du désir féminin, et une diatribe des terribles angoisses meurtrières masculines face à leur perversion.
C’est une sur-augmentation du thème qui sert de base au tapis harmonique modal qui forme la première et dernière partie de l’œuvre, en français. Ce temps ralenti, suspendu, est une image du choc émotionnel à l’annonce de la mort. Plus rien n’a d’importance, pas même son injustice, seul le chant amoureux, en occitan, revient. Il est une partie contrastante centrale, aux couleurs devenues ambiguës.
A Chantar
Op.10, pour chœur de femmes et basse continue
Création Ensemble Antiphona 2023.
D’après une chanson de Beatriz de Dia, trobairitz de la fin du XIIe, début du XIIIe s. Cette chanson d’amour féminine peint un large nuancier d’émotions, suspendues aux attentes et aux incertitudes de l’être aimé. Ces rebonds toujours plus violents entre tendresse et violence sont intemporels, et nous rappelle que notre condition humaine n’a de sens que dans ces sentiments qui nous touchent profondément.